
J’explore le monde à travers l’image en naviguant entre peinture et écriture.
Mon travail se situe dans une tension entre le besoin de ralentir et la frénésie du monde contemporain. Les voyages qui ont nourri ma pratique m’amènent à interroger l’acte de capturer le réel et la manière dont les images s’inscrivent dans une temporalité longue.
La limace est devenue ma figure d’alter ego queer : elle incarne mon rapport au temps et au corps, mais aussi une résistance face à l’accélération du monde et aux normes sociales qui valorisent la jeunesse et les corps retouchés.
J’explore les tensions entre visible et invisible, corps et espace mental. L’image est pour moi un terrain de jeu où couleurs et échelles se transforment en échos aux angoisses contemporaines, là où le réel se mêle à l’irréel pour semer le trouble.
En parallèle de ma pratique picturale souvent filtrée, édulcorée ou hallucinée, j’écris des textes où s’entrelacent les styles dans une certaine fluidité ou dans une fragmentation, mêlant utopie et révolte. Ces textes portent une charge politique forte, critiquant le capitalisme et les normes dominantes. L’humour, parfois présent, devient une arme ou un filtre pour exprimer ce qui fait mal.
À travers mes œuvres, je cherche à inventer des espaces intimes en résonance avec les autres vivants, dans un monde qui semble glisser mais qui pourtant reste si proche.
EN
I explore the world through images, moving across mediums and material experiments, guided by a logic of correspondences dear to anthropologist Tim Ingold. My work drifts between a need to slow down and the frenzy of contemporary life.
Journeys that have shaped my practice led me to question the act of capturing reality. How can images still be made today, and what do they reveal when rooted in long, stretched-out time?
I use slug figure as my alter ego, a queer metaphor with my relationship to time. It embodies resistance to acceleration, a search for contemplation and sensory perception. I also explore tensions between seen and unseen, body and inner space. In my work, image opens a door to other dimensions, playing with scales, letting color resonate with present-day utopia or anxieties.
Alongside my often filtered, softened, sometimes hallucinatory visual work, my writing moves between sharpness and tenderness, blending fluidity and fragmentation, utopia and revolt. It carries a strong political charge, pushing back against capitalism and dominant norms. Humor sometimes slips in, a way to soften what stings.
I navigate these paradoxes, playing with porous sensations, synesthesia, and an expanded perception of reality. What do textures or colors speak of? A need to reconnect? How do we reclaim spaces for ourselves, in resonance with other living beings?
PARCOURS
Clémentine Bossard, née en 1986 en Suisse, est une artiste pluridisciplinaire passionnée d’image et d’exploration. Après avoir passé une année en Australie à 16 ans avec sa famille où elle découvre la photographie, elle se forme à l'image au Centre d’enseignement professionnel de Vevey (CEPV). En 2010, elle part en résidence artistique dans le nord de la Russie, à Arkhangelsk puis à Saint-Pétersbourg, où elle anime des workshops de photo et réalise ses premiers projets personnels dans des banyas russes.
À son retour, elle explore alors divers domaines - de la mode au cinéma, et participe à la conception et à la réalisation d’une exposition sur l’Apocalypse en 2012 avec le collectif veveysan Einzweidrei.
Dès 2013, elle se consacre à la photographie de reproduction d’œuvres picturales, tout en poursuivant ses projets artistiques personnels autour du portrait, du paysage et de la nature morte. Elle s’engage parallèlement dans des projets féministes à dimension artistique, notamment avec le Live Art Club, qui organise des performances.
Dès 2016, elle suit une formation en imagerie médicale ophtalmique, avant de partir en 2018 pour un voyage de deux ans, dont une année passée à parcourir les routes à vélo, sa chambre photographique dans une sacoche. Ce périple la mène à travers les pays du Moyen-Orient, puis au Sud-Ouest des États-Unis, lors d’un road trip.
Depuis plusieurs années, elle collabore avec des musiciens ou artistes sonores suisses romands, dont Organ Mug, Aurélie Emery, Vincent Tille, ou Pintozor Prod.
Elle reprend des études en arts visuels à l’EDHEA (Sierre) qu’elle achève en 2025.
Elle est lauréate du prix-résidence Brigitte Mavromichalis au musée d'art de Sion, pour 2025-26.